Lecture en action
L’activisme au
féminin et toi!
par Caroline Moffet
Greta Thunberg / Lëa-Kin Châteaunef, CC BY-SA 4.0 via Wikipedia Commons
L’activisme autour de toi
L’activisme a beaucoup évolué au cours des 20 dernières années. On le définit comme étant un système de conduite qui privilégie l’action directe, particulièrement pour défendre une cause politique ou sociale. Comme Greta Thunberg! Sa venue au Canada en 2019 a inspiré beaucoup de jeunes à s’activer et militer pour la sauvegarde de l’environnement.
Plusieurs ados ont le goût de faire bouger les choses. Dans le contexte de la justice sociale, mentionnons :
- le féminisme
- l’antiracisme
- la promotion des droits LGBTQIA2+
- la justice environnementale
- l’égalité socioéconomique
- l’éducation relatant les réalités des peuples autochtones
Connais-tu d’autres activistes?
L’activisme : pour la cohérence du monde
Ouvrir l’œil sur le monde
« La lutte pour la justice sociale n’est pas un choix, mais plutôt une obligation civile qui exige un engagement et une participation totale de tous les membres actifs de la société. »
Cette citation, écrite par une élève du secondaire comme toi, offre énormément de sagesse, n’est-ce pas?
Qui a écrit cela?
C’est Perle-Mérode Kabambi. Une élève de 11e année qui, d’ailleurs, propose dans ce livre un texte intitulé La défense de l’équité sociale est notre responsabilité civique.
Réfléchir ensemble à l’activisme, c’est comprendre les enjeux de l’équité et de la justice sociale. Ces aspects te permettent non seulement de poser un regard critique sur le monde, mais aussi de mieux te comprendre toi-même et de mieux comprendre les autres.
L’activisme, c’est un engagement social qui commence par une opinion à défendre. C’est une prise de position envers les valeurs auxquelles tu crois profondément. Pour les faire reconnaître, tu te mets en action, tu te mobilises pour faire entendre ta voix, ta position.
Qu’est-ce qui t’indigne dans le monde?
Le diplomate, résistant, écrivain et militant politique français Stéphane Hessel a écrit :
« Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder. »
Selon toi, qu’est-ce qui est impossible à supporter en matière d’équité et de justice sociale dans le monde d’aujourd’hui?
Et si tu marchais un kilomètre dans ses souliers?
Pour Susan Moller Okin, théoricienne en justice sociale, agir en matière d’équité et de justice sociale, c’est d’abord apprendre à te questionner toi-même sur ces concepts.
Elle soutient que lorsque tu réalises que les humains vivent dans des contextes différents, tu développes ton empathie. Ce serait donc, selon elle, un bon début pour développer le sens de la justice sociale et de mieux comprendre pour mieux agir de façon équitable.
Comprendre grâce à elles...
Ce livre présente des adolescentes qui ont choisi de s’indigner contre la violence et l’injustice. Elles ont choisi de militer pour des aspects tels que la liberté, la paix, le droit à l’eau potable et le droit à l’éducation. Ces jeunes activistes t’aideront à mieux comprendre les enjeux cruciaux qui existent dans le monde, ainsi qu’à mieux comprendre la réalité de l’autre.
La voie de l’engagement social et du militantisme n’a pas d’âge pour se faire entendre. Ces filles sont inspirantes. Elles t’ouvrent la voie pour aiguiser ton sens de l’observation qui te permettra d’étudier le monde et de rejeter les inégalités sociales et la violence.
Soutenir des causes permet le développement de ta compassion pour que tu fasses bouger les choses, toi aussi!
L’équité et la justice sociale t’aideront à :
- comprendre les sujets cruciaux et incontournables.
- favoriser la globalité du développement humain sur les plans physique, cognitif, affectif et social.
- t’engager dans une démarche réflexive et une conscience critique.
- stimuler ton engagement social.
- t’impliquer dans la cohérence du monde.
Chip Somodevilla / Staff via Getty Images
Qui est l’activiste Malala Yousafzai?
Connais-tu Malala Yousafzai?
Malala est une jeune militante pakistanaise née le 12 juillet 1997 à Mingora, une ville au nord du Pakistan.
Elle a grandi dans une maison où, au cœur des valeurs familiales, primaient la liberté d’expression et le libre arbitre.
En 2009, Malala voit sa vie transformée lorsque les talibans commencent à prendre le contrôle de son village. À 11 ans, elle apprend donc avec horreur qu’elle n’aura plus le droit d’aller à l’école. Les talibans ont décidé d’interdire l’école à toutes les filles et femmes du Pakistan.
Cet événement marque le début du militantisme de Malala. Elle décide d’organiser de grandes manifestations partout au Pakistan sous le pseudonyme Gul Makai. La liberté est son cheval de bataille : c’est le cœur de son militantisme.
Lorsqu’elle a 15 ans, les talibans essayent de la tuer et elle reçoit une balle au visage lors d’une attaque. Elle survit et décide de continuer sa lutte pour la liberté sur la scène internationale.
Depuis cette époque, elle défend le droit à la liberté et à l’éducation pour toutes les filles et toutes les femmes, qu’elles soient riches ou pauvres, dans le monde.
Ses actions lui valent, en 2014, le prix Nobel de la paix à l’âge de 17 ans. Elle est la plus jeune personne au monde à recevoir cet important prix.
Quelques citations célèbres de Malala :
Sa devise : « Je crois au pouvoir et à la force des mots. »
« Un enfant, un professeur, un livre, un crayon peuvent changer le monde. »
« Le contenu d’un livre contient le pouvoir de l’éducation, et c’est grâce à ce pouvoir que l’on peut créer un futur et changer des vies. »
« Avec des fusils, on peut tuer des terroristes, mais avec l’éducation, on peut tuer le terrorisme. »
Laquelle des citations est ta préférée et pourquoi?
La Déclaration universelle des droits de l’homme
La Déclaration universelle des droits de l’homme a été adoptée par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) le 10 décembre 1948, à Paris.
Ce document est à la base du droit international et de l’ONU, une organisation qui a vu le jour à San Francisco en 1945.
En interdisant aux filles et aux femmes du Pakistan d’aller à l’école, les talibans ont brimé l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
À toi de jouer!
Lis l’article 26 et trouve des justifications pour lesquelles Malala avait le droit de s’indigner devant la perte de son droit à l’éducation.
Article 26
- « Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.
- L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.
- Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »
Richard Drew / La Presse Canadienne
Qui est l’activiste Autumn Peltier?
Connais-tu Autumn Peltier? C’est une jeune de la Première Nation de Wiikwemikoong, sur l’île Manitoulin, dans le nord de l’Ontario. Elle vient d’une famille de femmes militantes politiques qui ne se laissent pas réduire au silence, surtout quand il s’agit de se faire entendre. Sais-tu à quel âge Autumn a commencé à militer pour que chaque famille autochtone puisse avoir accès à de l’eau potable? À l’âge de huit ans!
À 14 ans, elle devient la commissaire en chef des eaux de la Nation anichinabée, qui représente 39 Premières Nations en Ontario. En 2017, 2018 et 2019, elle a été sélectionnée pour le Prix international de la paix des enfants.
Ses réflexions et ses actions ont un impact international. En mars 2018, elle prononce un discours engagé devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Elle s’y indigne du fait que plusieurs communautés autochtones n’aient pas accès à l’eau potable.
Lors d’un deuxième discours à l’ONU, en septembre 2019, Autumn Peltier déclare : « Nous ne pouvons pas manger de l’argent. On ne peut pas boire du pétrole. » Avec ces paroles tranchantes, elle dénonce l’inaction des gouvernements face au changement climatique.
Cette jeune militante autochtone est à l’avant-garde d’un mouvement écologiste mondial dirigé par des jeunes, tout comme la militante suédoise Greta Thunberg. C’est une jeune activiste enracinée dans sa culture, une fille forte qui mène un combat pour les siens… mais également pour tous les peuples qui n’ont pas accès à l’eau potable sur Terre.
Selon l’ONU, une personne sur quatre vivra dans un pays sans eau potable en 2050. Autumn Peltier a encore des combats à mener d’ici là!
À toi de jouer!
Lis l’article 22 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et trouve des justifications pour lesquelles Autumn avait le droit de s’indigner lorsqu’elle a constaté, à l’âge de huit ans, que plusieurs communautés autochtones au Canada n’avaient pas accès à l’eau potable.
Article 22
« Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays. »
La défense de l’équité sociale est notre responsabilité civique
par Perle-Mérode Kabambi, élève de 11e année du programme Focus action sociale
Contexte : Soumise comme contribution au projet Rhizome, cette lettre d’opinion a été écrite dans le but de rédiger un texte intégrant des sujets oubliés du point de vue d’une minorité. Grâce à ce projet avec l’ambition de renouveler les types d’écrits lus dans le milieu scolaire afin d’éliminer l’exclusion des représentations, des perspectives, des expériences et des voix autochtones, racialisées ou minoritaires, ce texte sera inventorié comme texte francophone pour l’enseignement destiné aux écoles primaires et intermédiaires.
J’adresse cette lettre à tous les membres de notre société actuelle.
Je rédige ce texte avec l’ambition de transmettre une compréhension enrichissante et à la fois primordiale en matière de pratiques humanitaires de base.
En général, il existe une absence de valorisation authentiquement appliquée pour l’intérêt et les initiatives portés à la justice sociale et à l’équité au niveau social, économique et politique. En contraste avec notre réalité, je soutiens le concept selon lequel, en tant qu’être humain, votre implication dans la justice et l’équité ne dépend pas d’un choix.
Au contraire, c’est une obligation civique qui requiert la pleine participation et la coopération de tous les membres actifs de la société. Par cette lettre, j’aimerais approfondir ce point, en abordant des questions liées aux sujets tels que : “Pourquoi défendre l’équité?”, “Pourquoi il s’agit d’une responsabilité civique?” et “Quel est le pouvoir de la jeunesse dans ce devoir civique?”
Pourquoi défendre l’équité?
Selon le Natural Resource Defense Council (NRDC) : « L’équité est une inclusion juste et équitable. Une société équitable est une société dans laquelle tous peuvent participer et prospérer. Les objectifs de l’équité doivent être de créer des conditions qui permettent à tous d’atteindre leur plein potentiel. »
Cette interprétation du concept de l’équité est confirmée par un raisonnement et une pensée éthiques, basés sur le fait que des facteurs tels que le sexe, l’âge, l’origine, l’ethnicité, le handicap, l’orientation sexuelle, la classe sociale et la religion ne devraient pas servir à mesurer la supériorité, à accorder des privilèges et à gérer la discrimination. En laissant les lieux dans l’état où ils le sont présentement —c’est-à-dire, sans équité— on crée des conditions de vie problématiques pour les personnes comme moi, pour les personnes marginalisées. Je vous dis cela en tant que personne noire et en tant que femme.
Pourquoi s’agit-il d’une responsabilité civique?
Grâce à des événements historiquement menés par les générations passées, la société moderne d’aujourd’hui a bénéficié de progrès sociaux majeurs.
Maintenir ce développement social, s’assurer de sa durabilité et continuer à progresser afin d’accommoder les personnes et les aspects de la société qui ne sont pas accommodés est une chose essentielle qui ne peut être négligée. Cela étant dit, la lutte pour la justice sociale n’est pas un souhait, mais une exigence civique qui demande l’engagement et la coopération de tous les membres de la communauté.
Aux mêmes motifs que les autres responsabilités que nous avons en tant que citoyens, telles que voter, participer à des initiatives communautaires, s’engager activement dans la création d’une co-communauté et de cultures régionales, je conçois la défense de l’équité comme ceci : une responsabilité qui garantit l’équité et la sécurité dans les branches sociales, économiques et politiques de la société.
Quel est le pouvoir de la jeunesse dans ce devoir civique?
Tout comme la participation des jeunes aux autres engagements sociaux, la contribution des jeunes à cet engagement civique est essentielle, étant entendu que nos communautés gagnent en équité lorsque nous nous impliquons et agissons, individuellement ou collectivement.
Les jeunes participent au façonnement de la culture, à la normalisation et à la déstigmatisation et prouvent leur capacité à faire évoluer les normes sociales. À l’ère moderne, cette habitude des jeunes générations a été largement optimisée par la puissance des réseaux sociaux.
Par cela, les jeunes possèdent un grand pouvoir et une grande influence dans le domaine de la justice sociale et de l’équité et, donc, dans l’accomplissement de cette responsabilité civique.
En dernière analyse, vivant collectivement dans un monde où certains aspects de la société, certains groupes et certaines communautés risquent de souffrir d’un manque de considération pour leurs droits et leurs conditions de vie . Se mobiliser en faveur de ces personnes ne devrait pas être une option puisque ces gens ne choisissent pas de vivre dans un tel état.
Sincèrement,
Perle-Mérode Kabambi
Tes façons à toi de t’engager!
Comme tu as pu le constater avec Malala, Autumn et Perle-Mérode, il existe mille et une façons de s’engager. Ces jeunes femmes font de la participation publique, c’est-à-dire qu’elles prennent position dans les espaces de débats publics.
Tu peux t’engager pour :
- prendre position
- appuyer une cause
- soutenir un groupe communautaire (participation sociale)
- défendre des idées ou valeurs auxquelles tu crois fermement
À toi de choisir comment participer à la vie démocratique par ton implication!
Que se passe-t-il dans cette bande dessinée?
Observe la bande dessinée de David et Naïra. Invente le dialogue des personnages.
Cette activité est assez longue et pourrait nécessiter la collaboration d’une autre personne.
Bande dessinée : David et Naïra
Crédits
Cette ressource est réalisée grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien et du gouvernement de l’Ontario.
Certaines photographies ou illustrations apparaissant dans ce livre proviennent de ©iStock.com, Envato Elements, PixelSquid et Adobe Firefly.
Références
Daigle, C. (2010). Compte rendu de [Susan Moller Okin, Justice, genre et famille, Paris, Flammarion, 2008 (traduction de Justice, Gender and the Family, 1989)]. Philosophiques, 37(2), 538–542.
Gaudet, J. & Lapointe, C. (2002). L’équité en éducation et en pédagogie actualisante. Éducation et francophonie, 30(2), 287–304.
Hessel, S. (2011). Indignez-vous! Indigène éditions.
Kabambi, P-M. (février 2022). La défense de l’équité sociale est notre responsabilité civique – Site Internet. Webzine IDÉLLO.
L’ONU lance la Décennie d’action sur l’eau pour le développement durable – Site Internet. Consulté le 13 août 2024 sur le site Organisation des Nations Unies.
Le nombre d’enfants non scolarisés dans le monde a augmenté de 6 millions – Site Internet. (18 septembre 2023). ONU Info.
Les messagers de la paix : Malala Yousafzai – Site Internet. Consulté le 22 mai 2024 sur le site Organisation des Nations Unies.
Militante du droit à l’eau et des droits des peuples autochtones, Autumn Peltier – Site Internet. Consulté le 22 mai 2024 sur le site Centre national des arts.