Sur la route de la francophonie et du bilinguisme

par Caroline Moffet

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C’est une langue belle...

C’est une langue belle à qui sait la défendre
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu’il faut pour vivre en harmonie.
— Yves Duteil

Nous vivons dans un grand pays et plusieurs personnes de cultures et de langues différentes partagent le territoire. Le français est présent au Canada depuis le début de la colonie française en 1604. Le français fait donc partie de notre histoire! Tu parles cette belle langue? Alors, viens découvrir les richesses des cultures francophones minoritaires au Canada!

Le savais-tu?

Port-Royal en Acadie, fondé en 1605, est le premier établissement permanent des colonisateurs français en Amérique du Nord. De nos jours, au lieu historique national de Port-Royal en Nouvelle-Écosse, tu peux visiter une reconstruction de l’Habitation érigée par les colons.

Jusqu’au milieu du 18e siècle, la colonie française, qui s’appelait alors la Nouvelle-France, s’étendait du golfe du Saint-Laurent jusqu’en Louisiane, au sud des États-Unis actuels.

Vrai ou faux?

  1. Le français est la langue maternelle de 10 % de la population canadienne.
  2. Le mot français le plus long dans le dictionnaire est « anticonstitutionnellement ».
  3. La langue des Métis, le mitchif, est surtout un mélange de français et de cri.
  4. Sur le drapeau franco-ontarien, il y a deux fleurs : le lys et le trille.
  5. La langue française est parlée sur tous les continents.

À tes virelangues!

Connais-tu les virelangues? Ce sont des exercices de diction qui t’en font voir de toutes les couleurs! Ils te permettent de travailler le rythme, l’intonation et la respiration... Et surtout de rire un bon coup!

Lis ces phrases à voix haute le plus vite possible :

  1. As-tu vu le tutu de tulle de Lulu d’Honolulu?
  2. As-tu vu le ver vert allant vers le verre en verre vert?
  3. Blés brûlaient, brûlent les blés.
  4. Cinq chiens chassent six chats.
  5. Le mur murant Paris rend Paris murmurant.

Ton identité culturelle pas à pas

Aimer et valoriser tes langues et tes cultures est un bon chemin pour développer ton identité culturelle.

L’identité canadienne

L’identité canadienne est un sujet controversé. Ce n’est pas tout le monde qui a la même définition.

Certaines personnes croient en l’unité de notre grand pays et que l’identité canadienne est partagée par toutes les personnes. D’autres pensent qu’il y a plutôt une pluralité d’identités canadiennes, qu’on appelle le multiculturalisme.

Il y a aussi celles qui disent que le pays a deux nations fondatrices (les Anglais et les Français), et que leurs identités culturelles sont distinctes puisqu’elles ont des langues différentes. Cette version bilingue anglais-français ne fait pas de place à tous les peuples et les langues autochtones, qui existaient fort longtemps avant l’arrivée des Européens. Il ne faut pas négliger ce fait!

Le concept de l’identité canadienne est donc une route plurielle. Elle est construite de plusieurs voies, de plusieurs chemins qui mènent à l’identité culturelle de chacune des personnes. Comme toi, tout le monde a ses propres couleurs culturelles et c’est à chacun et chacune de réfléchir à ce concept pour l’alimenter.

Et mon identité culturelle à moi, là-dedans?

L’identité culturelle se construit par ton éducation. Elle se nourrit des traditions familiales et culturelles, des connaissances que tu apprends à l’école, mais aussi de tes activités, loisirs, sports, etc. Elle est influencée par plusieurs facteurs, comme tes langues, tes traditions culturelles, tes valeurs, tes liens sociaux avec les autres, tes goûts, ton environnement, l’histoire de ton pays d’origine et de ta province, etc.

Ton identité culturelle te permet de te connaître, de comprendre ce qui t’entoure et d’interagir avec les autres. Elle se construira tout au long de ta vie. C’est un processus qui évoluera grâce aux apprentissages et aux expériences que la vie mettra sur ton chemin.

En réfléchissant bien à ce qui est important pour toi, tu trouveras les valeurs qui construisent ton identité culturelle!

Pour stimuler ta réflexion sur le sujet :

  1. Ma culture est… (parler de sa culture, de ce que tu aimes dans ta culture).
  2. Un aspect que je trouve important dans ma culture, c’est…
  3. Quels sont les objets de culture qui sont importants pour moi (lieux, langage, art, y compris musique, littérature, peinture, danse, etc.)?
  4. Si j’avais un seul objet de ma culture à partager dans une vidéo, lequel présenterais-je?

Partage tes réponses avec une autre personne et discutez-en!

Cet échange en français t’aide à te développer, à te connaître et à cibler ce qui est important pour toi dans la vie. Tu prends conscience de tes goûts et de tes capacités. C’est un pas énorme pour développer ton identité culturelle!

Ton rapport identitaire au français

La musique est comme l’écho du cœur. Tu sais, lorsque tu es sur un lac et que tu cries fort, il arrive que tu entendes ta voix qui se répète au loin. C’est incroyable! La musique peut nous faire vivre ce genre d’émotions!

As-tu déjà voyagé dans un pays où tu ne parlais pas la langue? Souvent, la musique de ce pays t’explique beaucoup de choses sur la culture locale, même si tu ne comprends pas les mots. Apprendre une langue et la découvrir par les émotions que la musique évoque, qu’une chanson nous fait vivre, devient alors un trésor qu’on a envie de partager.

Quelle est ta chanson préférée en français? Pourquoi l’aimes-tu?

La musique aide à comprendre la culture. Elle parle des traditions, des valeurs, des personnes qui vivent dans la langue de la chanson.

La musique procure un fort sentiment d’appartenance lorsque tu écoutes bien les paroles. C’est ce qu’on appelle des rapports identitaires forts à la langue et à la culture.

Pose-toi aussi cette question intéressante : pourquoi veux-tu apprendre le français?

Pourquoi on apprend ça?

Apprendre une langue, c’est ajouter une nouvelle couleur à notre identité culturelle. Ce n’est pas rien! Pour le sociologue français Bernard Charlot, apprendre, c’est se questionner sur les raisons qui nous poussent à nous mettre en action. Il faut que l’apprentissage résonne en nous comme l’écho d’un lac ou comme une chanson de notre enfance. Apprendre une langue, c’est avec le cœur qu’on y arrive!

Tu es en train d’apprendre le français, et d’apprendre à communiquer, à comprendre, à lire et à écrire. Ce partage de ton identité culturelle avec les autres permet de développer de nouvelles compétences qui te donneront de la confiance pour parler français. C’est ce que Charlot appelle le développement d’un lien affectif entre nous et ce qu’on est en train d’apprendre, ou le rapport identitaire au savoir.

À toi de jouer!

Réfléchis aux questions suivantes :

  • Pourquoi apprends-tu le français?
  • Qu’est-ce que tu aimes le plus en français?
  • Comment te sens-tu lorsque tu parles français?

Voici ce que deux jeunes ontariennes ont répondu. Tu peux comparer tes réflexions avec leurs réponses si tu veux! Cliquez pour voir la note

Pourquoi apprends-tu le français, Pashla?

Pour être connectée avec les autres. Comme si l’essence du français, c’est ce qui nous connecte. Alors, juste le fait de parler français avec d’autres personnes, d’autres cultures, vraiment, ça me donne beaucoup plus d’opportunités. Ça me donne beaucoup plus d’empathie aussi envers les autres gens qui s’expriment en d’autres langues.

— Pashla

Pourquoi apprends-tu le français, Marianne?

Euh, pour moi, parler français, c’est une richesse que j’exploite principalement maintenant, mais que je prévois aussi exploiter plus tard. Ça me permet non seulement d’entrer en relation avec différentes personnes, mais ça me permet aussi d’élargir mon vocabulaire, etc. Mais je compte aussi l’exploiter plus tard puisque je prévois aller dans les soins de santé. Et le fait de parler français va largement être utile lorsqu’il faudra aider les malades, s’ils ne peuvent pas, par exemple, parler une autre langue que le français.

— Marianne

En terminant...

Rappelle-toi que lorsque tu réfléchis à ton apprentissage de la langue et aux émotions que tu ressens lorsque tu parles français, cela te permet de mettre du sens à ce que tu apprends. C’est ce qu’on appelle un apprentissage métacognitif. Tu peux donc prendre conscience, par exemple, que tu te sens un peu timide de parler devant des francophones ou que tu sens que tu comprends tout, mais que les mots ne sortent pas de façon fluide.

Ces regards sur ton apprentissage devraient être sécurisants pour toi. C’est ce qu’on appelle la sécurité linguistique. Prends soin de tes pensées et ne te juge pas sur les résultats, mais sur les efforts que tu fais pour parler français!

Bonne route à toi vers l’apprentissage sécurisant de la langue française!

Le bilinguisme d’Éva et le tien...

Bonjour, je me présente. Je m’appelle Éva, j’ai 14 ans. Je vis à L’Orignal, en Ontario, dans une famille exogame. Mon père est franco-ontarien et ma mère est anglo-ontarienne. Nous avons deux cultures et deux langues à la maison. J’ai donc la chance d’être anglophone et francophone.

Pour moi, apprendre une langue, c’est découvrir un monde nouveau. C’est une clé qui ouvre une porte sur une culture. Langue et culture sont mariées. J’ai appris ce mot : elles sont indissociables. Elles ne peuvent pas divorcer. De plus, je sais que la langue et la culture nous permettent de nous comprendre nous-mêmes comme enfant, de comprendre la personne avec qui on parle et de mieux comprendre notre monde.

Je suis au courant que la culture francophone est minoritaire dans notre pays et qu’elle est souvent un peu seule dans un océan d’anglais. C’est justement pour ça qu’il faut parler français : pour découvrir les trésors qui nous permettent de comprendre notre histoire et notre culture francophone, et d’être ce que nous sommes. Le français nous différencie des autres en Amérique.

Parler français à la maison, c’est nous offrir la possibilité de devenir, à notre façon, des agents de reproduction culturelle. Je peux vous assurer que, nous les enfants, nous en sortons gagnants. Je suis fière d’être anglophone et francophone. Je suis fière d’être biculturelle. J’ai donc deux fois plus de chances d’observer la vie.

Qu’est-ce qu’être bilingue signifie, pour toi? Compare ta réponse avec celle d’Éva.

Vrai ou faux?

  1. Le Canada est un pays bilingue depuis 1969.
  2. Il y a trois provinces au Canada qui sont officiellement bilingues.
  3. Sur Terre, une personne sur quatre est bilingue.

Les avantages du bilinguisme

Certains parents ont peur de parler plusieurs langues à la maison parce qu’ils ne veulent pas que leurs enfants soient confus. Pourtant, parler deux langues ou plus est un avantage. Selon plusieurs études, les élèves bilingues réussissent mieux en lecture et en mathématiques.

Apprendre une deuxième langue renforce les compétences dans la langue première. De plus, être bilingue permet une meilleure sensibilité interculturelle et une ouverture d’esprit envers les autres cultures. Pas la peine de s’en priver!

Quels autres avantages pourrais-tu trouver au bilinguisme?

Bien, juste pour rajouter un autre avantage à être bilingue, c’est que ça t’aide à être créatif. Je pense que ça t’ouvre tellement de portes. Si t’écris un message, tu as accès à tellement plus de vocabulaire, plus d’idées, parce que tu as plus qu’une langue. Certaines expressions dans une langue peuvent t’inspirer à créer dans l’autre. En tant qu’artiste, pour moi, c’est vraiment génial. Cliquez pour voir la note

— Manon

Le savais-tu?

Il existe différents types de bilinguisme : le précoce, le tardif et le passif.

Le bilinguisme précoce
Il y a deux types de bilinguisme précoce :

  • Simultané : tu apprends le français et l’anglais en même temps, comme Éva dans l’histoire. Depuis sa naissance, elle comprend et parle les deux langues.
  • Successif : lorsque tu as partiellement appris une langue et que tu en apprends une deuxième tôt durant l’enfance.

Le bilinguisme tardif
Lorsque tu apprends une langue seconde à partir de l’âge de six ou sept ans et que tu deviens bilingue.

Le bilinguisme passif
Tu comprends ta deuxième langue, mais tu ne la parles pas.

En terminant...

Réfléchir à ton bilinguisme est un avantage pour toi, tant pour ton développement identitaire et pour ton apprentissage de la langue française que pour ta future recherche d’emploi. Ce sont toutes des raisons motivantes pour continuer d’apprendre le français, n’est-ce pas?

Bonne route vers le bilinguisme!

Sur la route des francophones au Canada, tu viens?

Voici un billet de train pour ton départ. Ta valise est prête?

Tout le monde à bord! Viens célébrer la francophonie canadienne!

Nos trésors francophones de l’Ontario et d’ailleurs!

Connais-tu les trésors de ton Canada francophone?

Associe les provinces aux événements francophones de la colonne de droite.

Cette activité est assez longue et pourrait nécessiter la collaboration d’une autre personne.

  1. Nouveau-Brunswick
  2. Ontario
  3. Manitoba
  4. Colombie-Britannique
  5. Québec
  1. Le Festival du Voyageur
  2. Le Festival acadien de Caraquet
  3. Le Festival d’été francophone de Vancouver
  4. Le Festival du loup
  5. Où vas-tu quand tu dors en marchant?

Le savais-tu?

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) existe depuis 1970. Elle met en œuvre une coopération politique, éducative, économique et culturelle pour les 88 États et gouvernements francophones du monde.

L’OIF a quatre grandes missions :

  • Promouvoir la langue française, le plurilinguisme et la diversité culturelle.
  • Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme.
  • Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche.
  • Développer la coopération économique au service du développement durable. Cliquez pour voir la note

Viens célébrer notre francophonie!

Première destination : Le Festival d’été francophone de Vancouver (Colombie-Britannique)

Les francophones et les francophiles de l’Ouest canadien ont la chance de célébrer chaque année en juin. Depuis 1990, ce festival, organisé par le Centre Culturel francophone de Vancouver, accueille des artistes de partout au pays.

Le Festival enrichit la vitalité de la communauté francophone en Colombie-Britannique, la quatrième plus grande en milieu minoritaire au Canada.

Deuxième destination : Le Festival du Voyageur (Manitoba)

Le Festival du Voyageur a lieu chaque année en février dans le quartier francophone de Winnipeg. C’est le plus grand festival hivernal de l’Ouest canadien.

Pendant dix jours, les gens peuvent participer à des activités culturelles et sportives comme les sculptures de neige, le souque à la corde, le patinage, les ateliers de ceintures fléchées, les pow-wow et la musique comme le rigodon.

Troisième destination : Le Festival du loup (Ontario)

En juillet, chaque année, c’est le moment de célébrer les chants du patrimoine au Festival du loup à Tiny, en Ontario!

Viens vivre la musique franco-ontarienne, mais également la musique francophone du Canada!

Quatrième destination : Où vas-tu quand tu dors en marchant? (Québec)

Chaque année à Québec, Où vas-tu quand tu dors en marchant? propose des spectacles de théâtre déambulatoires, c’est-à-dire que les spectateurs doivent marcher dans la ville pour voir les pièces. Ces spectacles sont gratuits et sont présentés durant la nuit. Une aventure qui vaut le détour!

Cinquième destination : Le Festival acadien de Caraquet (Nouveau-Brunswick)

Ce festival est un grand moment de célébration des traditions et de la fierté de l’Acadie des provinces de l’Atlantique. Pendant près de deux semaines, de nombreuses activités culturelles et artistiques ont lieu dans cette petite ville.

Lors du Grand Tintamarre du 15 août, des milliers de personnes défilent pour fêter le jour de la Fête nationale de l’Acadie et la fin du Festival. Chaudrons, casseroles, trompettes, flûtes et autres objets bruyants en main, c’est un moment de grande joie et d’exubérance pour cette dynamique communauté.

En terminant notre voyage...

Notre grand pays regorge de trouvailles et de trésors francophones d’un océan à l’autre. Tu n’as qu’un pas à faire pour découvrir l’art, la musique, la littérature, le théâtre, les grands rassemblements francophones et les carnavals.

C’est maintenant à toi de voyager! Bonne route vers ton apprentissage des cultures francophones de ton pays!

Crédits

Cette ressource est réalisée grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien et du gouvernement de l’Ontario.

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Certaines photographies ou illustrations apparaissant dans ce livre proviennent de ©iStock.com, Envato Elements, PixelSquid et Adobe Firefly.

Références

Charlot, B. (2001). Les jeunes et le savoir. Éditions Anthropos.

Charlot, B. (2002). Du rapport au savoir : éléments pour une théorie. Éditions Anthropos.

Desabrais, T. (2013). Les mots pour le dire… L’influence de l’(in)sécurité linguistique sur l’expérience d’étudiantes de milieux francophones minoritaires canadiens inscrites aux études supérieures à l’Université d’Ottawa [Thèse de doctorat, Université d’Ottawa].

Duteil, Y. (1985). La langue de chez nous [Chanson].

Grosjean, F. (3 décembre 2016). Parler plusieurs langues : entrons dans le monde des bilingues – Site Internet. Huffpost.

La Francophonie en bref – Site Internet. Consulté le 28 mai 2024 sur le site Organisation internationale de la Francophonie.

Les langues autochtones au Canada – Site Internet. (29 mars 2023). Statistique Canada.

Nadeau, J-B. (19 mars 2022). Nous sommes 321 millions de francophones dans le monde – Site Internet. Le Devoir.

Politique d’aménagement linguistique de l’Ontario – Site Internet. (2004). Gouvernement de l’Ontario.

Quelques faits sur la francophonie canadienne – Site Internet. Consulté le 15 août 2024 sur le site Patrimoine canadien.

Scotta Delorme, M. (Réalisateur). (2022). « Cercle de parole » dans Le bilinguisme, un atout pour l’avenir [Série web]. TFO.

Stratégie nationale pour la sécurité linguistique – Site Internet. (2024). Fédération de la jeunesse canadienne-française.

Vézina, M. & Houle, R. (2014). La transmission de la langue française au sein des familles exogames et endogames francophones au Canada. Cahiers québécois de démographie, 43(2), 399-438.