Ici, je me sens bien!

par Caroline Moffet

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L’art de se sentir bien à l’adolescence...

Comprendre tes émotions

Crois-tu que c’est possible pour une personne de se sentir bien tout le temps? C’est rarement le cas, rassure-toi.

Tout le monde vit des hauts et des bas, des périodes où ça va bien et d’autres où ça va mal. L’adolescence est une période de grands changements. C’est une période de vie vraiment haute en couleurs et en émotions! Comme l’expression le dit si bien, l’adolescence est loin d’être un fleuve tranquille. Et tu sais quoi? C’est normal de vivre toutes ces émotions!

Mais comment peux-tu arriver à trouver ton équilibre quand la vie te bouscule?

Ce livre espère te donner certaines clés pour ouvrir la porte à l’intérieur de toi afin de trouver un lieu où tu pourras dire : Ici, je me sens bien!

1, 2, 3... allons trouver ce lieu de calme et de paix!

Les habiletés intrapersonnelles et interpersonnelles

Comment réagis-tu devant une difficulté?

Est-ce que tu réagis tout de suite dès que les émotions te bousculent?

Si tu développes tes habiletés intrapersonnelles et interpersonnelles, tu pourras mieux comprendre la situation que tu vis à l’intérieur de toi.

Le développement intrapersonnel : regarder à l’intérieur de soi

Développer tes capacités intrapersonnelles, c’est un peu comme arriver à prendre une photo de toi, mais à l’intérieur.

Le développement interpersonnel : comprendre les émotions de l’autre

Développer tes habiletés interpersonnelles, c’est faire preuve d’empathie et de compassion pour les autres. Si cette autre personne t’explique qu’elle ne va pas très bien, sens-tu que tu peux l’écouter et la consoler?

Me comprendre et comprendre l’autre?

Pour la Dre Sancho, chercheuse et professeure canadienne, si tu es capable de développer de bonnes compétences intrapersonnelles et interpersonnelles, tu pourras mieux t’adapter lorsque tu vivras une situation difficile. C’est cela, développer ses compétences émotionnelles.

Le développement intrapersonnel et interpersonnel peut :

  • améliorer ta réussite scolaire.
  • permettre de développer un meilleur réseau d’amitiés.
  • donner plus d’opportunités et de promotion au travail et en sport.

Une personne qui développe ses habiletés émotionnelles peut mieux comprendre l’autre sans le juger et peut mieux se comprendre elle-même sans se juger!

L’art de gérer ses émotions

Connais-tu la visualisation?

As-tu envie de réduire ton stress quand tu vis une émotion forte? La pleine conscience est un ingrédient de choix pour y arriver!

Il est possible d’apprendre à observer les émotions au lieu de se laisser envahir par elles.

Quand tu ne te sens pas bien et afin de te centrer sur ce qui se passe en toi pour trouver le calme et le bien-être, voici une série de questions que tu peux te poser :

  1. Qu’est-ce que je ressens dans mon corps en ce moment?
  2. Quelles images est-ce que je perçois dans ma tête?
  3. Comment sont mes pensées? Sont-elles claires? Moins claires?
  4. Quelles sont les sensations que je ressens dans mon corps?
  5. Sur une échelle de 1 à 10, 10 étant le calme absolu, où est-ce que je me situe?

Se poser ces questions s’appelle la pleine conscience.

À partir de ces questions, tu peux réfléchir à ton état actuel et changer ton état d’esprit. Comme Gandhi l’a si bien dit : « Je change mes pensées, je change le monde! ». À toi d’essayer!

L’art de la présence attentive!

La présence attentive se définit comme :
« un état de conscience accessible lorsqu’une personne porte délibérément son attention sur son expérience interne et externe, telle qu’elle se déploie dans l’instant présent, et ce, sans jugement ».

Que veut dire cette définition, selon toi? Pourrais-tu la résumer dans tes propres mots?

Son inventeur

C’est Jon Kabat-Zinn qui a écrit cette définition. C’est aussi lui qui a développé un programme de présence attentive et de méditation pour les personnes malades dans les hôpitaux où il travaille.

Il a découvert que lorsque les gens arrêtent le tourbillon d’idées dans leur tête et dans leur cœur, ils peuvent mieux comprendre ce qu’ils vivent réellement.

Selon ses recherches, la méditation et la réduction du stress ont des effets fantastiques sur la réduction des souffrances psychologiques.

Il a même constaté que les gens qui pratiquent la présence attentive ont une réduction de la douleur physique chronique en plus d’un bien-être psychologique.

Bref, se calmer, respirer, s’observer et réfléchir peut t’aider à développer la force intérieure qu’on appelle la résilience.

Observe-toi en ce moment!

La présence attentive permet :

  • d’être centré sur le moment présent et de porter son attention sur l’ici et le maintenant.
  • de comprendre tes mécanismes internes.
  • de développer tes compétences socioémotionnelles.
  • de développer ton intelligence émotionnelle.

Tu peux ainsi accueillir tes émotions sans les changer ou vouloir les contrôler! Eh oui! Cela permet avant tout de dédramatiser les situations et d’être plus réceptif aux apprentissages.

L’art d’écouter sa petite voix intérieure...

Le test de l’autocompassion

Où te sens-tu le mieux? Pourquoi t’y sens-tu si bien?

Prends le temps de cibler les raisons pour lesquelles tu te sens bien à cet endroit. Cet exercice t’aidera à identifier les valeurs importantes dans ta vie.

Si un jour tu te sens mal ou triste, ou si tu vis de la solitude, tu peux fermer les yeux et t’imaginer à cet endroit.

Passes-tu le test de l’autocompassion?

  1. Ferme les yeux.
  2. Rappelle-toi le dernier moment où tu as vécu une épreuve.
  3. Te rappelles-tu les émotions que tu ressentais?
  4. Quels mots ta petite voix intérieure utilisait-elle pour s’adresser à toi?

Selon la Fondation Jeunes en tête, notre petite voix intérieure doit être douce et bienveillante. C’est ce qu’on appelle ton discours intérieur. Elle sait si bien te dire de vilaines choses quand tu es en colère contre toi-même! Pourtant, ce discours intérieur peut devenir un allié. Comment? En l’entraînant à te parler doucement, comme tu parles à tes amies et amis.

Pratique l’autocompassion en trois étapes!

1. L’autocompassion, c’est reconnaître ta souffrance.

Lorsque tu vis une situation désagréable ou difficile, parle-toi et donne-toi la permission de te dire : ce n’est pas facile, ce que je vis. Cela semble simple à dire, mais ce n’est pas si simple à faire.

Lorsque tu as un problème ou que tu vis des émotions intenses, arrête-toi. Calme ton esprit en t’imaginant dans l’endroit où tu te sens bien. Respire et entraîne ta petite voix intérieure à être bienveillante avec toi. Si elle ne t’écoute pas (et ça arrive parfois), alors parle-toi comme tu parlerais à la personne que tu aimes le plus au monde.

2. L’autocompassion, c’est réaliser que les autres aussi vivent des souffrances comme toi.

C’est bien de se dire : ma souffrance est normale! Tu sais, dans une période de changements comme l’adolescence, presque tous les ados vivent de grandes émotions, comme toi! Rappelle-toi que tu n’es pas la seule personne à cette situation. Parfois, cela peut t’aider à mettre de la distance entre toi et ta souffrance.

3. L’autocompassion, c’est aussi te faire plaisir chaque jour.

Sais-tu ce qui te fait plaisir dans la vie? Note le plus de choses possible qui te procurent de la joie. Découpe chacun des petits plaisirs et dépose-les dans une enveloppe. Chaque jour, pige un plaisir et accomplis-le. Tu pratiqueras ainsi l’autocompassion, parce que tu prendras soin de toi en te faisant plaisir.

Vive la joie!

Vive l’autocompassion!

L’art de la beauté intérieure

Et si la beauté était en toi?

Les critères de beauté varient d’une culture à une autre, d’une époque à une autre, d’un art à un autre et même d’une personne à une autre.

En philosophie, la beauté est souvent rattachée à la beauté de l’art, c’est-à-dire l’esthétisme.

La beauté procure du plaisir à la personne qui vit une émotion en regardant une œuvre d’art.

Comme tu peux le voir, le concept de beauté est donc pluriel : il y a plusieurs différentes définitions de la beauté.

Le coin de philo :

  • Que signifie le terme « beauté » pour toi?
  • Pense à une personne que tu trouves belle. Pourquoi est-elle belle?
  • Qu’est-ce qui fait qu’une chose ou une personne est belle et qu’une autre ne l’est pas?

Voici un conte qui aborde ce thème...

La Rose et le Tournesol

Il était une fois, au boisé, une Rose qui se trouvait si belle qu’elle n’avait d’yeux que pour paraître.

Lorsque le ciel lui offrait une épée de soleil, sa robe se colorait de tout un jardin de « je t’aime ».

Chaque jour, à l’aube, la belle Rose se pavanait de son élégance et s’habillait de son plus beau printemps. Tous les regards se tournaient vers ses pétales frais qui embaumaient son image et lui faisaient croire en l’éternelle jeunesse.

Tous ses charmes, qui ne cherchaient qu’à plaire, faisaient l’envie secrète de chacun.

Contemplant ses propres grâces, elle ne se souciait que peu du petit bout d’herbe frêle qui poussait près d’elle. Aucune fleur n’était assez belle pour rivaliser avec elle, se disait-elle.

Mais ce petit bouton d’or, ce brin d’herbe ridicule, mine de rien, ne cessait de croître. Et il grandissait, et grandissait. Et la Rose rayonnait et s’admirait.

Un jour, le Tournesol s’est aperçu qu’il était si grand que ses feuilles immenses faisaient de l’ombre à la Rose. Il essayait de les secouer, de les redresser pour permettre à la Rose de profiter du soleil, en vain. La fleur du Tournesol n’en finissait plus d’offrir au ciel l’immensité de ses jeunes pétales.

Chaque jour, le Tournesol se sentait de plus en plus fort et de plus en plus utile, car il nourrissait la terre, les oiseaux et les humains. Il savait que, pour être utile, il devait grandir.

Petit à petit, le si beau manteau de velours de la Rose ne la réchauffait plus, pas plus que ses épines ne la protégeaient. Tranquillement, elle perdait tous ses charmes et les regards des autres sur elle. Et un soir de pluie, elle a pris froid et s’est éteinte comme une herbe frêle.

Le Tournesol se sentait si triste pour sa Rose. Il l’avait beaucoup aimée. Il aurait tant voulu lui dire qu’il n’était pas une herbe frêle, lui.

Il savait désormais que l’on voyait la flamme dans les pétales de la Rose, mais que dans les siennes, on voyait la lumière. Il aurait voulu lui dire son secret : que pour grandir, il faut être fort avant d’être beau. Et bien que la rose était belle, le Tournesol était grand. Et parce qu’il était grand, il avait compris ce qu’il devait comprendre.

Et si la beauté était en toi?

Dans l’histoire, la Rose semble posséder les critères de la beauté. Lesquels? Justifie en donnant des exemples tirés du texte.

L’importance que la Rose accorde à la beauté physique est un sujet philosophique depuis longtemps. Même Platon, ce fameux philosophe grec, pensait qu’il fallait mieux s’élever et laisser de côté notre amour de la beauté des corps pour préférer la beauté des âmes. Que voulait-il dire selon toi?

Maintenant après avoir discuté et réfléchi au thème de la beauté, réponds à la question suivante : que signifie le terme « beauté » selon toi? As-tu changé ta vision de la beauté? Si oui, pourquoi?

L’art de prendre soin des autres, prendre soin de toi

Prendre soin des autres

Selon Annabelle Iglesias, journaliste pour Passeport santé, notre véritable beauté n’est pas notre image, mais notre être profond.

Elle explique que nos qualités construisent notre vraie beauté :

  • être à l’écoute de nos amis
  • s’aimer soi-même et aimer les autres
  • développer notre empathie, notre compréhension de l’autre
  • développer notre bienveillance
  • avoir confiance en soi et en l’autre
  • être solidaire

C’est également ce que le chercheur Léandre Bouffard appelle un état de bien-être. Selon lui, être bien à l’intérieur de soi ne peut s’effectuer sans les autres.

Vivre des expériences positives avec les autres permet de développer :

  • ton empathie
  • ta sympathie
  • ta compassion
  • ta tendresse
  • ta gentillesse

Toutes ces qualités peuvent développer tes compétences émotionnelles pour te comprendre et comprendre les autres.

C’est un pas important vers le lieu à l’intérieur de toi où tu te sens bien. Vers ta beauté intérieure.

Comme le Tournesol se sent utile parce qu’il nourrit la terre, les oiseaux et les humains dans le conte La Rose et Tournesol, toi aussi tu peux te sentir utile. Qu’est-ce que tu pourrais faire pour aider les autres autour de toi?

Prendre soin de toi

Être bien commence par soi-même. Pour cela, tu peux apprendre à aimer ce que tu trouves beau à l’intérieur de toi.

Petit exercice pour toi

Nomme deux de tes plus belles qualités.

Demande à tes parents ou à des amies ou amis de faire la même chose pour toi, c’est-à-dire de nommer tes deux plus belles qualités.

La beauté intérieure, c’est prendre conscience de nos forces, de nos capacités.

Lorsque tu réfléchis à ces choses, tu prends soin de ta beauté intérieure et tu développes ta confiance en toi.

L’art d’avoir un esprit sain dans un corps sain...

Alors on bouge!

Selon François Trudeau, chercheur en sciences de l’activité physique, il est important de bouger pour maintenir une bonne santé et être bien dans sa peau.

L’activité physique réduit l’anxiété et augmente l’espérance de vie. Si tu bouges, tu ressentiras des bienfaits et tu te sentiras bien. Tu auras le goût d’entreprendre des choses.

Le chercheur Trudeau explique même que bouger aurait un impact important sur ta confiance, sur ton estime de toi et même sur ta réussite scolaire!

Le savais-tu?

Pour aider leurs patients à développer de saines habitudes de vie et à améliorer leur santé mentale et physique, de plus en plus de médecins prescrivent des périodes d’activité physique quotidiennes.

Et la conclusion?

Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, une personne peut avoir une santé mentale optimale si elle :

  • se sent bien physiquement et mentalement.
  • réalise son plein potentiel.
  • est capable de se concentrer.
  • se sent utile dans sa vie personnelle et sa vie professionnelle.
  • s’implique dans sa communauté.
  • a un bon sentiment d’efficacité personnelle.

À toi de jouer, maintenant que tu sais tout ça!

Bonne route vers cet endroit où tu te sens bien!

Crédits

Cette ressource est réalisée grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien et du gouvernement de l’Ontario.

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Certaines photographies ou illustrations apparaissant dans ce livre proviennent de ©iStock.com, Envato Elements, PixelSquid et Adobe Firefly.

Références

Bouffard, L. (2017). Le bonheur, c’est les autres! Revue québécoise de psychologie, 38(2), 101–126.

CASEL. (2020). Les compétences sociales et émotionnelles. Conseil supérieur de l’éducation.

De Raymond, J-F. (2000). La beauté morale. Laval théologique et philosophique, 56(3), 425–437.

Fondation Jeunes en têtes – Site Internet. Consulté le 19 juin 2024.

Gagnon, B. (2020). La psychopédagogie du bienêtre : une voie porteuse pour favoriser l’épanouissement des enfants et des adultes qui les accompagnent. Revue hybride de l’éducation, 4(4), viii–xvi.

Gagnon, M. & Mailhot-Paquette, E. (2022). Pratiquer la philosophie au primaire. Édition Chenelière éducation.

Iglesias, A. (8 mars 2021). Beauté intérieure – Site Internet. PasseportSanté.

Kabat-Zinn, J. (2003). Interventions basées sur la pleine conscience en contexte : passé, présent et futur. Psychologie clinique : science et pratique, 10(2), 144-156.

Maranzano, T. (2022). « Tu es canon ». Le manifeste de la mode inclusive, par et pour les personnes en situation de handicap. Aequitas, 28(1), 7–16.

Sancho, M-C. (2022). Colère, peur et joie. Fides.

Trudeau, F. (2010). La pratique régulière d’activité physique a-t-elle réellement un impact favorable sur la réussite éducative et la persévérance scolaire? Présentation effectuée le 23 novembre 2010, UQTR.