Lecture en action
Développe ton identité...
Exprime-toi!
par Caroline Moffet
Mon identité : mes droits, mes besoins
Faire partie d’une société, c’est être lié aux autres. Tout le monde veut être reconnu comme égal aux autres en dignité et en droits. Tu as besoin des autres pour te développer et pour développer ton identité.
Définition de l’identité
L’identité est souvent définie comme la perception que tu as de toi-même et la perception que les autres ont de toi.
Tu développeras ton identité en apprenant à :
- identifier tes besoins et ceux des autres.
- savoir ce que tu aimes et ce que tu n’aimes pas.
- développer tes goûts, tes talents.
- comprendre tes émotions et celles des autres.
- développer ton empathie.
Savais-tu que lorsque tu apprends à te connaître, tu développes ta pensée critique? Cette pensée critique est comme un muscle. Tu dois la travailler pour mieux t’en servir! C’est par elle que tu peux analyser les situations, peser le pour et le contre, formuler tes propres hypothèses et tirer tes propres conclusions!
Les autres sont précieux pour toi dans le développement de ton esprit critique et de ton identité!
Je me découvre grâce à toi
Ubuntu
Il existe un mot en bantou, une famille de langues africaines, Ubuntu, qui veut dire « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ».
Munyaradzi Felix Murove, professeur à l’Université de KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, explique que le concept d’Ubuntu humanise les gens. Humaniser veut dire éduquer les gens.
Ce professeur croit que les relations entre les humains les rendent plus ouverts et plus compréhensifs les uns envers les autres. Pour lui, ce qui est le plus important dans la vie est le lien entre les autres et nous.
Apprendre à découvrir ton identité, c’est aussi apprendre à t’ouvrir à celle des autres. C’est comme ça qu’on apprend ensemble à se connaître.
Nous sommes tous liés les uns aux autres sur notre planète. C’est cela, l’UBUNTU.
Quels sont tes besoins?
J’ai besoin de...
Quels sont les besoins incontournables, c’est-à-dire les besoins essentiels, sans lesquels tu ne pourrais pas vivre? Peux-tu les nommer?
Selon le grand psychologue américain Abraham Harold Maslow, les besoins humains, qui sont souvent représentés comme une pyramide, sont les suivants :
- Les besoins physiologiques : Ces besoins sont liés à la survie. Tu as besoin de manger, de dormir, de respirer, etc.
- Le besoin de sécurité : Ce besoin représente le besoin de protection. Tu as besoin de te sentir en sécurité physique. Tu as besoin d’avoir une habitation pour te protéger contre le froid et la pluie.
- Le besoin d’appartenance : Tu as besoin d’aimer et d’être aimé. Cette dimension entre dans l’appartenance sociale : famille, amis, amour, intimité. Tu as besoin de te sentir lié aux autres, comme dans le concept d’Ubuntu.
- Le besoin d’estime de soi : Tu as besoin de développer ta confiance en toi, ton estime personnelle. Tu as besoin de te sentir respecté et reconnu à part entière. Tu as besoin qu’on respecte ta réputation.
- Le besoin d’accomplissement : Tout en haut de la pyramide, tu as le sommet des aspirations humaines : celui qui fait que tu te sens vraiment à la bonne place, à la bonne école, dans la bonne famille, etc. C’est ce qu’on appelle « développer son plein potentiel ». Tu as besoin de te sentir accepté complètement comme personne.
Lorsque tous les autres besoins sont comblés, tu peux t’actualiser comme personne. Tu sens alors que tu as la force en toi de surmonter les épreuves. Tu as de la résilience. Tu sens que tu comprends qui tu es et que tu es en harmonie avec toi et les autres.
Quelles sont mes appartenances culturelles?
Besoins et réalités culturelles
En plus des besoins à combler pour te sentir bien et en sécurité, tu as également des besoins d’appartenance culturelle (3e étage de la pyramide).
Les appartenances culturelles sont :
- nos groupes d’appartenance (famille, quartier, âge, communauté ethnoculturelle, province, pays, sexe et genre, langue, religion, etc.)
- nos sentiments d’appartenance, de vie communautaire, d’héritage culturel, d’identité, etc.
Ces appartenances culturelles te permettent de développer ta conscience de soi et ta construction identitaire.
Pour t’aider à réfléchir à ta construction identitaire, réfléchis aux questions suivantes :
- Si tu avais un mot pour te décrire, quel serait ce mot?
- Quelles sont les trois valeurs les plus importantes pour toi?
- Qu’est-ce qui te fait te sentir bien dans la vie?
Partage les réponses à ces questions avec quelqu’un. Peut-être que la personne avec qui tu parleras aura aussi des observations à partager pour t’aider à construire ton identité.
Selon le grand psychanalyste Erik Erikson, qui a étudié les stades du développement des êtres humains , l’adolescence est une période importante pour la construction identitaire. C’est à ce moment que tu développes ta propre personnalité. Tu choisiras une profession qui correspond à tes goûts, tes besoins et tes valeurs.
Quand tu parles de ces thèmes avec les autres, tu développes ton identité et tu peux mieux choisir ce qui est important pour toi.
Tu peux mieux te connaître.
Nous allons maintenant partir à la découverte de deux ados qui vivent dans d’autres pays. Tu pourras comparer leurs valeurs avec les tiennes et ce qui leur permet de se sentir bien dans la vie.
Je me présente...
Je m’appelle Inaya...
Salut, je me présente. Je m’appelle Inaya. J’ai 14 ans. J’habite dans une grande ville de 10 millions de personnes qui s’appelle Le Caire. C’est la capitale de l’Égypte. Mon pays est le plus peuplé d’Afrique du Nord. Nous sommes plus de 100 millions de personnes.
Je vis avec ma mère, Lamia. Mon père est décédé l’année dernière. Il a eu une longue maladie. Nous avons été vraiment tristes, mais maintenant, ça va mieux.
Hier, nous avons fait une grande fête pour célébrer le printemps. C’est Cham El-Nessim! Nous avons mangé du fessikh (ah, comme j’adore ça! ). Le fessikh est un poisson salé et fermenté. Ce poisson est consommé depuis l’époque des pharaons! Oui, oui! On le sèche d’abord et ensuite on le plonge dans le sel pendant des semaines. Mmm, son goût est succulent!
Je vais à l’école secondaire de filles de mon quartier. J’habite sur la rue Lozaka, tout près de l’organisme SOS Villages d’Enfants, où je suis bénévole. J’aimerais devenir enseignante plus tard. C’est pourquoi je veux aider les enfants à apprendre à lire et c’est ce qu’on fait à SOS Villages d’Enfants.
Je trouve ça injuste que 35 % des filles de plus de 15 ans dans mon pays ne lisent pas. Elles sont analphabètes. Pourtant, 76,5 % des hommes peuvent lire.
Les filles qui ne savent pas lire ont plus de chance de se marier très jeunes et de mener une vie de dépendance. C’est pour cela que je travaille comme bénévole avec les filles et les garçons. Je les aide à reconnaître l’alphabet, ainsi que les bases de mathématiques et de la lecture. Les filles peuvent aussi faire des mathématiques.
Il y a beaucoup d’écoles communautaires dans mon pays pour aider les enfants et les femmes à surmonter les défis de la pauvreté et de la faim.
Je suis fière d’aider les autres parce que, ma mère et moi, quand mon père est mort, nous avons reçu de l’aide. Alors, maintenant, j’aide les autres.
Ma mère ne savait pas lire avant cette année. C’est avec elle que je me pratique pour mon futur métier d’enseignante dans les écoles. Elle a fait beaucoup d’efforts ces derniers mois et je sais qu’elle y arrivera.
Nous allons retrouver notre vie d’avant quand elle trouvera un travail. Ma mère a écrit mon nom hier. Inaya. Elle m’a dit que mon nom signifie « celle qui prend soin, qui fait attention ». Elle pense que je serai une bonne enseignante.
Je m’appelle Giuseppe...
Salut, je me présente. Je m’appelle Giuseppe et j’ai 12 ans. J’habite dans un village qui s’appelle Castiglion Fibocchi. Il y a 2 248 habitants dans mon village, qui est situé dans la province d’Arezzo, en Italie.
Ma mère s’appelle Karine. Elle est canadienne-française et mon père, Antonio, est Italien. J’ai deux frères, un plus jeune, Italo et un plus vieux, Federico.
Mes parents sont propriétaires d’un grand vignoble. Ils sont viticulteurs, ils font donc du vin. Nous avons aussi sur notre terre plusieurs animaux, deux vaches, des lapins, trois chevaux et des oies. Je ne les aime pas, les oies. Elles nous attaquent avec leur bec parfois. Elles me font peur.
Mes grands-parents habitent dans une maison sur la terre familiale. Même mon arrière-grand-père, Pilar, habitait avec nous jusqu’à l’année passée. Il est décédé à 88 ans. Il allait encore au champ avec sa bicyclette bleue juste avant de mourir. Mon père a nommé son meilleur vin en l’honneur de son grand-père. Pilar. Il était très beau avec son petit chapeau de paille qu’il avait toujours sur le bout de la tête! Il a eu une très belle vie sur sa terre.
Je vais à l’école Liceo scientifico linguistico Francesco Redi à Arezzo. Je ne sais pas encore ce que je veux faire plus tard. Mes deux frères sont déjà bien décidés. J’aime le sport. Je fais de la compétition de vélo de montagne. Mais je ne sais pas si je peux en faire un métier! Mon père me demande souvent si je veux poursuivre le travail dans les vignes lorsqu’il prendra sa retraite. Il me trouve bon dans les vignes. Je connais les secrets des plantes. Ce n’est pas simple de faire pousser du raisin quand il fait 40 degrés Celsius l’été! D’un côté, c’est vrai que cette terre appartient à ma famille depuis plusieurs générations. Mais d’un autre côté, le travail de terroni, des gens de la terre, est un travail exigeant. Il faut se lever tôt et travailler fort toute la journée. Je ne sais pas si j’ai autant de courage que mon père.
À la maison, tout le monde parle italien. Mais ma mère me parle toujours en français. Je lui réponds en italien, je ne sais pas pourquoi. Mais je comprends le français. J’ai passé une année complète dans la ville de ma mère : Windsor. Je suis allé à une école de langue française.
Nous habitions chez mes grands-parents avec mon frère. Mes grands-parents habitent dans une maison tout près du lac Érié. Mon père est resté en Italie pour s’occuper de la terre. Il est venu à Noël. Il a trouvé qu’il faisait froid, hi hi. J’ai fait des cours de curling au club de curling où mes amis s’entrainaient. J’ai adoré!
J’ai vraiment appris beaucoup durant mon année en Ontario. Je repense souvent à mes amis de là-bas.
Je suis un peu canadien après tout. Je suis biculturel, canado-italien. J’aime la langue française. Je sais qu’elle est minoritaire, mais je l’aime encore plus grâce à ma mère. Mon groupe franco-ontarien préféré s’appelle Les Rats d’Swompe. Connais-tu leur chanson « À la revoyure »? Cette chanson me fait penser à mon année en Ontario. Merci, Maman, de m’avoir fait découvrir ton pays.
Crédits
Cette ressource est réalisée grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien et du gouvernement de l’Ontario.
Certaines photographies ou illustrations apparaissant dans ce livre proviennent de ©iStock.com, Envato Elements, PixelSquid et Adobe Firefly.
Références
Dalley, P. et Demers, S. (2012). Recherche en construction identitaire et communication orale (CI-CO). Ministère de l’Éducation de l’Ontario.
Erikson, Erik H. (1972). Adolescence et crise : la quête de l’identité. Éditions Flammarion.
Landry, R., Deveau, K., Losier, G. F. & Allard, R. (2009). Identité ethnolinguistique, autodétermination et satisfaction de vie en contexte francophone minoritaire. Francophonies d’Amérique, (28), 47-70.
Murove, M. F. (2011). L’Ubuntu. Diogène, 3-4(235-236), 44-59.
SOS Villages d’Enfants – Site Internet. Consulté le 27 mai 2024.